YOHANN GOZARD
actualités

pauses Formes et Wonderpools

(Yohann Gozard, 2006)

(Série élaborée lors d'une résidence à Niort en septembre 2006)



L'été 2006 m'a permis d'élaborer une nouvelle série (wonderpools) sur les piscines en polyesters qui ornent les périphéries urbaines.
Ces grandes formes absurdes m'ont toujours séduit et me semblent témoigner de tout un lot de contradictions poétiques jouant sur la décontextualisation :
Ici, futilités sociales, immenses bacs à usage horizontal, ensevelis puis remplis d'eau à l'arrière de pavillons en lotissements. Là objets en autopromotion, vides et impudiques, dévoilant à la verticale la contradiction entre le vernis bleu layette qui les tapisse en creux et la stratification rugueuse qui trace la topographie de leur revers.
Des discussions lors de la résidence photographique de Niort m'ont inspiré la métaphore du coquillages et j'ai immédiatement pensé aux huîtres dont l'intérieur est tapissé d'une profusion de nacre voluptueuse jusqu'à l'écœurement alors que l'extérieur est austère et rugueux.

Lors de ma résidence à Niort en septembre 2006, les échanges entre résidents ont abouti à de vifs débats sur les mutations technologiques qui touchent la photographie : l'attachement au réel, l'importance croissante de l'imagerie numérique, des retouches infographiques qu'elle permet et les interrogations sur la recomposition de l'image qui en découle.
Plus que jamais il m'a semblé que j'utilisais le médium photographique pour mettre en forme les images mentales qui caractérisent ma relation aux lieux et objets qui me fascinent.

De nombreux repérages et prises de vues nocturnes m'ont révélé la périphérie de Niort mais j'avais depuis longtemps en tête l'existence de très anciennes formes de radoub à Rochefort et je m'y suis finalement rendu pour explorer ces traces en creux de l'activité jadis abondante de son ancien arsenal.
L'une d'entre-elle, la forme Napoléon III, est un vaste volume vide et hors d'échelle, désormais sans usage et presque encombrant (Ses parois abruptes et glissantes sont un danger pour le public).
Son gigantisme et ses gradins desservis par une multitude de minuscules escaliers évoquent des installations antiques incompréhensibles et semblent inspirés par une gravure inédite de Piranèse.
Un tel lieu m'a semblé en accord direct avec l'un des concept fondamentaux de la photographie argentique, la prise d'empreinte, la lumière qui imprime en négatif un support chimique destiné à produire un positif duplicable.
La forme de cette cale sèche fût construite au plus près de ce que furent les coques des bateaux qui fréquentaient Rochefort au XIXème siècle et, tout comme la photographie ayant valeur de document à cause de son hypothétique objectivité, cette cale sèche m'a semblé un témoin indubitable de la présence d'une typologie de navires en un lieu et une époque donnée.
La relation à la mémoire et à l'empreinte me semblait donc évidente autant que le mode de prise de vue pour ce sujet : usage de la chambre photographique argentique traditionnelle permettant des mouvements de corrections optiques complexes et une impression en très haute résolution.

À terme j'ai décidé d'accompagner l'unique photographie grand format ainsi réalisée d'un petit écran lumineux obtenu à partir d'une de mes images de piscines écartée de la série "wonderpools" citée plus haut. Cette image, entièrement produite par des outils numériques se présente en contrepoint à la première : la prise de vue est numérique, ses couleurs sont retouchées et saturées par ordinateur et le tirage est effectué sur un support plastique transparent, en référence aux écrans d'ordinateurs...
La différence de taille entre les deux images est proportionnelle à la différences de taille entre les sujets qu'elles représentent et la présentation en diptyque est une évocation de la relation étroite qui lie un moule et le tirage qui en découle.


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