YOHANN GOZARD | |||
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pauses | photos | Yohann Gozard - Photographies (Emilie Combes, octobre 2004) De l’espace au lieu À partir d’espaces indéterminés, de terrains vagues, la photographie trace des paysages, dessine des lieux là où il n’y avait à l’origine que des “non-lieux”. Elle permet de s’approprier ou de rendre habitable une parcelle de monde déshumanisée. Le parti-pris du cadrage semble être une évidence, il ne peut en être autrement. L’image nous apparaît non pas comme un fragment du lieu photographié mais comme le lieu tout entier. L’action de cadrer, devient pour ces images la seule vérité possible. Entre nature et artifice Une sorte de neutralité contemplative du regard s’ajoute à cette vérité absolue du cadrage. Ni maniérisme, ni aucune forme trop visible de théâtralisation, alors même que l’atmosphère angoissante des lieux élus y obligerait presque. L’ensemble des procédures techniques inhérentes à la genèse de ces images contribue à leur donner un caractère "naturel" et impartial. La composition est certes sans effets appuyés mais néanmoins infiniment soignée, pesée, mesurée. Elle est d’autant plus minutieusement orchestrée qu’elle cherche à se faire oublier en évacuant toute connotation trop prégnante. Sur le même principe, les couleurs et la lumière produite par l’éclairage urbain sont sublimées avec parcimonie, d’une façon assez légère pour préserver leur "artificialité naturelle". Ce n’est que dans une deuxième lecture que cette composition apparaît tout d’un coup trop "juste" et l’image un peu trop "belle" pour être spontanée et par là dévoile l’artifice. L’étrangeté “sur-naturelle” - bien que ténue - est là, sans qu’il soit vraiment possible d’en déterminer l’origine précise. Cette ambiguïté entre le réel et l’artifice se retrouve également dans les relations particulières qu’entretiennent la nature et les éléments artificiels, il n’y a ni dualité, ni confrontation mais plutôt émergence entre les deux entités pour produire un nouveau type de paysage. Paysage qui réactualise certaines formes de la tradition picturale classique : nature domestiquée, assagie, soumise par l’homme. Les vibrations du temps Durant ces nuits solitaires, en dehors du monde, tout s’arrête sauf le temps qui est en l’occurrence montré, substantifié par la lumière. L’utilisation de la pose longue ou encore la superposition de strates d’images correspondant à différents états du lieu à des moments donnés ont pour effet de retranscrire non plus un “instant T” mais une durée, condensée sur une seule image. On pourrait presque parler d’effet cinématographique dans la façon de contracter une période donnée tout en signifiant sa durée réelle. Les vibrations présentes dans les images ne sont pas des figures : rien ne suggère le mouvement par un quelconque effet de flou ou de formes fantômes. En allant au-delà du mouvement figée dans l’instant, les photographies présentent des paysages immobiles traversés par un souffle invisible. (…). La photographie n’a pas mortifié un peu plus ces non-lieux déjà inhumains : elle dévoile leurs présages de post-humanité en allant au-delà des jugements et des craintes qui lui sont liées. L’idéal moniste En mêlant le jour à la nuit il y a une intention sous-jacente de retrouver l’unité d’un monde vécu comme "une anarchie du clair-obscur". La réalisation de chaque photographie est un tour de force, une mise en péril durant laquelle le photographe est confronté, au cœur d’un environnement hostile, à sa solitude. Mais c’est aussi un temps consacré à la méditation et à l’acceptation du monde. La mort est regardée de manière frontale, en tentant de la dégager de tout son corollaire de peurs parasites, c'est-à-dire de ses images angoissantes, ensemble de mythes et de superstitions. En évacuant ses vestiges, la mort perd en partie son caractère vertigineux et fascinant. Yohann Gozard ne joue pas sur la corde sensible et facile de l’aura conférée par la présence d’une mort sublimée. On peut lire au travers de ces images des tentatives de réconciliations : entre la lumière et l’obscurité, la vie et la mort, de l’action et de la pensée, de la vie concrète, empirique, sensible, et des essences, de l’absolu. Ce qui s’éprouve en observant ces images qui nous procurent simultanément une sensation de froide volupté et de chaude palpitation du réel. L’éloge de l’apparence(Bertrand Meyer Himhoff, 28.02.2006) Pauses(Jean-Marc Lacabe, 2006) (précisions techniques)(Yohann Gozard, 07.12.2007) |
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